
Reinvent : réinventer la prothèse
Crédit image : © Philippe Gauthier – ISIR
Coordinateur :
Nathanaël Jarrassé, directeur de recherche CNRS à l’Institut des systèmes intelligents et de robotique (ISIR – CNRS/Sorbonne Université)
La prothèse de membre supérieur constitue une extension sensori-motrice ultime car en plus des défis technologiques (robotiques, biomécaniques et neuroscientifiques) qu’elle soulève, elle pose de nombreuses questions plus générales relatives aux sciences humaines et sociales (SHS) autour de la relation au corps, de l’hybridation corps-technique, des usages et de leurs conséquences sur la vie des utilisateurs, de l’appropriation, de la réparation ou modification corporelle (donc du soin), de l’identité et de l’image du corps pour soi et la société, des normes et des injonctions associées, etc.
Malgré les avancées technologiques récentes, le taux d’abandon des prothèses de membre supérieur demeure élevé et les innovations technologiques incrémentales ne semblent pas avoir suffi à révolutionner la prothèse ou la relation des personnes amputées avec leurs aides techniques. Ce constat révèle l’existence d’une certaine inadéquation entre les besoins et les usages des personnes amputées et les réponses technologiques jusqu’ici proposées. Pour une majorité de personnes amputées, les prothèses demeurent des dispositifs lourds, rigides, lents, peu contrôlables, peu « sensibles » (offrant peu de retours sensoriels), rarement polyvalents, peu ou pas personnalisables, et difficiles à maîtriser. L’objectif de ce projet intégré et de la création d’une équipe interdisciplinaire dédiée est donc de développer un concept innovant de prothèse personnalisable pour les personnes amputées de membre supérieur qui ait un comportement plus proche de celui d’un membre naturel, qui soit facile et agréable à porter, plus intuitive à contrôler ; une prothèse qui restaure des sensations et s’intègre au corps. Une prothèse qui, devenue utilisable, efficace et donc utile, n’est plus abandonnée par ses utilisateurs et qui les valorise. Notre hypothèse globale est que la seule manière de répondre aux besoins de ces utilisateurs est de « réinventer la prothèse » en proposant un concept (ou un ensemble de concepts) radicalement différent(s), en explorant, en même temps, les multiples problématiques évoquées (mécanique, contrôle, perception, apprentissage ainsi que l’intégration corporelle, individuelle et sociale) et en veillant à impliquer les utilisateurs tout au long du processus de recherche.
Plusieurs résultats majeurs seront obtenus dans le cadre du projet REINVENT. Nous développerons une mécatronique légère et souple couplée à des approches de contrôle intuitif qui permet une meilleure reproduction du mouvement humain et qui est capable de percevoir et de transmettre des retours sensoriels riches. Ceci sera réalisé en interaction permanente avec les SHS, pour comprendre les usages, la place et le rôle de la prothèse, et par extension d’autres aides techniques telles que les exosquelettes, mais aussi pour faciliter le dialogue entre les utilisateurs et les concepteurs (co-conception) ; mais aussi mieux saisir et prendre en compte l’influence des questions d’individualité, de normativité et d’efficacité dans le domaine des aides techniques.
Une particularité majeure du projet concerne l’implication forte de personnes amputées, i.e. d’experts usagers, au projet. Ils seront recrutés par chaque partenaire technique du consortium afin de les impliquer tout au long des phases de développement et de tenter de co-construire une réponse technologique au plus juste, de personnaliser cette réponse et de former les utilisateurs (notamment autour de la création d’un club de « sport avec prothèse »).
Mots-clés : Prothèse personnalisable, Co-conception, Retour sensoriel, Intégration corporelle, Interdisciplinarité
Les objectifs
Développer une prothèse de membre supérieur personnalisable, plus intuitive à contrôler et offrant des sensations proches d’un membre naturel.
Intégrer des approches de mécatronique légère et souple, associées à un contrôle intuitif pour améliorer la mobilité et les retours sensoriels.
Réinventer la relation entre les amputés et leurs prothèses en tenant compte des aspects technologiques, perceptifs, sociaux et identitaires.
Impliquer activement les utilisateurs amputés tout au long du processus de recherche, en favorisant la co-conception pour répondre précisément à leurs besoins.
Explorer les dimensions sociales et normatives des prothèses, tout en facilitant l’intégration des utilisateurs dans la société et la valorisation de leur individualité.
Le consortium
Sorbonne Université
Université Claude Bernard Lyon 1
Université Lumière Lyon 2
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Université de Lorraine
Aix Marseille Université
Université de Nantes
Institut National des Sciences Appliquées de Rennes
CEA

Implantation du consortium
Les autres projets PEPR

