Retour sur « Le souple » , 2ème session
des ateliers d’exploration spéculative
« Le dur, le souple et le weird »

3 – 4 mars 2025

ENSCI – Salle Charlotte Perriand
48 rue Saint-Sabin
75011 Paris

Deuxième session des ateliers d’exploration spéculative les 3 et 4 mars 2025 sur le thème « Le souple », discussions et expérimentations organisées par la Maison des Humanités Potentielles en partenariat avec l’ENSCI.
Intervenants et intervenante du 3 et 4 mars :
03/03 : Assouplir le dur dans les imaginaires, l’ingénierie et le design
Brad Tabas, philosophe des sciences et des techniques à l’ENSTA Bretagne
Christian Duriez, directeur de recherche Inria, membre du Centre de recherche en informatique, signal et automatique de Lille (CRIStAL – CNRS/Centrale Lille/Université de Lille)
Julien Wacquez, spécialiste en science-fiction et post-doctorant pour le projet AS3 à ETIS
Aurélien Fouillet, ontonaute et enseignant-chercheur au CRD (ENS Paris Saclay ENSCI – Les Ateliers)
Emmanuel Grimaud, anthropologue, co-animateur de la Maison des Humanités Potentielles
04/03 : Soft, Hard, Weird : protocoles d’enquête et d’expérience
Nathalie Guimbretière, designeuse, artiste et post-doctorante à la Maison des Humanités Potentielles
Emmanuel Ducourneau, designer et post-doctorant pour le projet AS1
Emile De Visscher, professeur junior à l’ENS Paris-Saclay et président de The Polyfloss Factory
Résumé
Ces ateliers de libre réflexion visent à explorer des pistes liées de près ou de loin au futur de nos technologies et à leurs implications sociales, philosophiques, culturelles. Ces ateliers sont ouverts à tous et toutes en plus des chercheurs et chercheuses du PEPR O2R ainsi qu’aux étudiantes et étudiants des écoles d’art et de design associées et associés.
Remarque : il n’est pas nécessaire d’avoir participé à la première session pour assister aux suivantes.
Le dur est-il toujours rigide ? La souplesse forcément molle ? La fluidité forcément liquide ? Faut-il persister à tout solidifier, ou au contraire, s’employer à tout liquéfier ? Qu’est-ce qui nécessite d’être assoupli de toute urgence ? À quel moment bascule-t-on dans le weird ? Comment faire le tri entre la persistance du dur, les promesses du souple ou de la viscosité et les risques du weird ? Cet atelier propose d’explorer et de développer les imaginaires plastiques du dur, du souple et du weird, dans l’ingénierie, le design, la science- fiction et bien au-delà , sous toutes leurs formes et dans tous leurs états, sans limite créative ni disciplinaire.
Retour
Au cours de ces deuxièmes journées, les intervenants et l’intervenante se sont focalisés sur la souplesse et ses limites, du point de vue de l’anthropologie (Emmanuel Grimaud, Nathalie Guimbretière), l’art et le design (Émile De Visscher), l’industrie et le marketing (Christian Duriez), la philosophie politique (Brad Tabas), la matériologie profonde (Emmanuel Ducourneau), le féminisme post-humaniste de Donna Haraway (Aurélien Fouillet) et la science-fiction (Julien Wacquez).
Cette diversité a permis aux participantes et les participants de découvrir des terrains théoriques et pratiques nouveaux, souvent éloignés de leurs disciplines d’origine. L’objectif de proposer un apprentissage transdisciplinaire autour des formes d’assouplissement du dur – qu’il s’agisse de matériaux, d’organisations sociales, de structures mentales ou de récits – a été atteint, notamment grâce à l’articulation entre interventions conceptuelles, études de cas, lectures de récits et expérimentations collectives.
L’interdisciplinarité a joué un rôle moteur tout au long des deux journées. Les échanges avec le public ont témoigné d’une curiosité sincère et souvent surprenante. La variété des approches a donc non seulement nourri les réflexions, mais aussi stimulé de nombreux décentrements productifs.
Le public, fidèle à l’esprit des ateliers, était hétérogène : une trentaine de personnes étaient présentes sur place, et quelques autres en ligne. L’audience rassemblait principalement des étudiantes, étudiants, jeunes chercheurs et chercheuses issus de disciplines variées – des sciences de l’ingénieur aux sciences sociales, en passant par le design, les arts, les humanités numériques ou les neurosciences. Cette diversité a parfois rendu les échanges exigeants, chacun et chacune n’ayant pas toujours les mêmes cadres de références. Or, c’est justement ce frottement entre les savoirs, parfois inconfortable, qui a rendu possible une véritable exploration collective. Peu à peu, chacun et chacune a pu trouver une prise, formuler une question, établir un lien, et ainsi contribuer à l’élaboration progressive d’une pensée souple – mais jamais molle – du présent.
Les discussions ont souligné, d’une part, l’impossibilité de penser le souple sans penser le dur et vice versa et, d’autre part, la capacité du weird à briser la binarité de ce couple dur/souple, c’est-à-dire à tracer un chemin vers une pensée de l’impossible, au-delà de ce rapport d’opposition. Cependant, il reste encore à caractériser le weird comme concept opératoire, ce qui sera l’objet de la troisième session : et si le weird était lié à la (super)fluidité et aux transitions de la matière, à ces seuils mystérieux où le dur s’assouplit, la souplesse s’endurcie, le solide se liquéfie, la réalité s’évapore et tant d’autres métamorphoses encore ?
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